QUELLE ÂME DIVINE !

 

 

pour saluer Aragon

 

Dans la forêt.

Papa, Maman, Patrick et moi, nous avons été dans la forêt avec la canadienne. J’ai fait un pont avec des branches sur un petit fossé, mais je suis tombé dans l’eau.

Nous avons bien ri.

Augustin, mars 1955


En mars 1955, je viens d'avoir six ans, c'est-à-dire l'âge d'Aragon lorsqu'il écrivit "Quelle âme divine!", qu'il publia vingt ans plus tard, "comme un parapluie", en tête du Libertinage (et dans laquelle une revue allemande de l'époque crut voir le récit romancé d'un voyage qu'il venait de faire en URSS!). Mais clin d'oeil n'est pas part commune. Je n'ai pas écrit, comme aimait à le rappeler Aragon, avant d'apprendre à lire. Comme nombre d'enfants de ma génération, c'est avec des vignettes de bande dessinée que j'ai commencé à me fabriquer des histoires. 


... Au départ, l’aventure, avant qu’elle cristallise dans la réalité plus proche de la Bretagne et de la Scandinavie, ce fut évidemment la Polynésie, nourrie aux images éclectiques, mais toutes fondatrices, de René Huyghe (L’art et l’homme), Jacques Boullaire (Kaïmuko, fils des Touamotou) et François Bel (L’idole de Manaïki). Elle prit la forme d’un embryon de B.D., intitulée « La tenture mystérieuse ».

Mystérieuse, cela va de soi. Mais pourquoi tenture ? Probablement en écho à celle du Lotus bleu, derrière laquelle s’ouvre le repaire du « grand maître » Roberto Rastapopoulos, « le chef du trafic international de stupéfiants » (un mot proprement inouï pour mes oreilles de huit ans).

 

Mais je trouve aujourd’hui une réponse plus belle chez Jean-Luc Coatalem, qui se souvient avoir été enfant à Tahiti, « fichée comme un clou dans la tenture du Pacifique », et qu’il quitta au seuil de l’adolescence en emportant Le lotus bleu dans l’avion, « obole raisonnable » pour franchir le fleuve inconnu qui le séparait de sa nouvelle vie.

 

 

 

Le parfum vert, novembre 2006


Ce sont les récitations de l'école primaire et les vers orphelins glanés dans les magazines familiaux qui m'ont fait entrer en écriture : en poésie, mais aussi en prose, comme je le raconte dans cette lettre à mon père :


Retour de croisade, le chevalier retrouvait avec bonheur son jardin clos. Derrière la porte de bois s’ouvrait une longue tonnelle de roses de Damas – tous les parfums d’Arabie ! – qui le menait à un labyrinthe de charmille, afin qu’il n’oublie pas que les voies de la sagesse sont difficilement pénétrables, à la sortie duquel se tenait un lieu étrange appelé « salle du Commandeur » : carré d’herbe frangé des roses rouges (Dieu), blanches et roses (Marie), de lis de la virginité et de marguerites de l’immortalité. Il venait là se recueillir et prier dans le silence du plateau. Au centre du carré s’élevait un alisier, l’arbre de vie qui noue le ciel à la terre.

Ce jardin médiéval, découvert cet après-midi sous des bourrasques de neige fondue, est à deux pas de notre gîte, qui me parle souvent de mon enfance : les champignons d’abord, à foison, qui ennoblissent les apéritifs au coin du feu – girolles et pieds de mouton, coulemelles, jeunes vesces perlées, bolets et surtout cèpes (roux et de Bordeaux) ; et le souvenir des petites vacances familiales à Vassivière.

      Cela fait en effet exactement trente-huit ans que […] Jean-Yves Cadoret, inspiré par le temps exécrable qui régnait déjà ici aux Toussaint de l’époque, écrivait le premier (et le seul) chapitre de son premier (et unique) roman : Monsieur Charles – construit sur ces vers de Marcelin Pleynet qui m’avaient mystérieusement séduit dans un article de L’Express auquel tu étais alors abonné (c’est aussi dans L’Express que j’ai lu pour la première fois les noms de Paul Valet et Dylan Thomas : les poètes ne sont pas là où on les attend !) :

 

L’attente soudainement

En creux dans la pluie

 

Le miracle de ces mots reste neuf, leur justesse pour dire ce moment fugitif de présence, contingent à la solitude, que connaît parfois le marcheur dans (et non pas sous – d’où le « en creux » -) la pluie, et qu’il découvre aussitôt avoir attendu, appelé peut-être, sinon en esprit, du moins avec son corps […].

Lettre à mon père du 3 novembre 2000, in Poètes


Infirme de la fiction? Pour preuve, plus de quarante ans après Monsieur Charles, cette manière de polar entrepris pour tromper le désoeuvrement auquel me condamnait le meltem dans une petite île des Cyclades , qui se termine en queue de poisson sur un souvenir de lecture d'enfance ... et un poème d'Egéennes !


 

LE DISPARU DE SIKINOS

 

 

1

 

Il s’était dit que le caïque allait aborder trop vite. Mais au dernier moment le patron avait inversé le moteur, avant de bondir à la proue pour amortir le choc et transformer la vitesse en un mouvement latéral qui fit s’aligner en douceur l’Anémos II au bord du petit quai de fortune. Dès le début, il avait nourri une prévention contre les manières de l’homme, trop jeune et trop sûr de lui, qui cachait son regard derrière des lunettes noires profilées. Mais il lui fallait reconnaître qu’il connaissait bien son bateau. De toute façon, cela n’avait aucune importance. Il n’était qu’un touriste solitaire qui avait payé un peu plus cher pour être conduit dans cette crique éloignée et le patron de l’Anémos II, interdit de tour de l’île depuis plusieurs jours par le meltem et la police du port, n’avait eu qu’à se féliciter de l’aubaine.

« Pende kai missi, seguro ?

 - Nei, nei... »

Cela lui laissait tout l’après-midi pour mener à bien son affaire. Il sourit à l’idée de la tête du patron de l’Anémos II quand il découvrirait le quai vide à dix-sept heures trente et se dit que, pour le coup, il aurait vraiment l’air d’un Charlot avec ses lunettes noires.

Il n’irait probablement pas se vanter qu’un mauvais payeur l’avait refait en rentrant par la montagne, un jour officiellement interdit de mer. Dommage. Cela l’aurait amusé qu’une enquête de police à son sujet se refermât sur un non-lieu et que la presse locale se fasse l’écho du « disparu de Sikinos ». Un bon titre pour un roman de gare.

 

 

2

 

Oui, la patronne de la taverne Lucas se souvenait vaguement d’un homme qui ressemblait à celui de la photo. Entre deux âges (comme elle, pensa-t-elle, c’était bien son genre, cette femme mûre avec des rondeurs et une mini-robe impossible, qui, dans sa jeunesse, avait dû ressembler à une actrice de Bergman), grand, les yeux clairs. Il venait tous les soirs et demandait invariablement des fèves et du ragoût de chèvre avec une carafe de résiné (ça aussi, c’était lui, où qu’il aille, il prenait immédiatement des habitudes). Mais c’était en début de saison, non ? Depuis, beaucoup de clients avaient coulé sous les tamaris du port.

La patronne de la taverne Lucas avait meilleure mémoire qu’elle ne l’avouait. Cela faisait en effet exactement un mois qu’il avait disparu. Sa trace se perdait dans cette île oubliée des Cyclades où l’Express Apollon, des Hellas ferries, l’avait déposé dans la nuit du dix-neuf au vingt juillet. Il aurait dû être de retour au bureau début août, mais son fauteuil dans l’avion d’Athènes était resté vide. Sympa, se dit-elle encore une fois, ce petit voyage en Grèce aux frais de la princesse, mais on me paye pour avoir des résultats, et je n’ai récolté pour l’instant que des billets de ferry, des notes de restaurant et des témoignages de logeurs - elle avait noté qu’il choisissait toujours une chambre donnant sur le débarcadère des ferries, comme cette belle terrasse à l’ombre des bougainvillées, où elle venait d’apprendre qu’il avait réglé cinq nuits, jusqu’au jeudi vingt-quatre inclus. C’était donc le vingt-cinq qu’il s’était volatilisé, un vendredi.

Un vendredi... Elle reposa précipitamment son métrio et plongea dans son sac pour vérifier ses notes. Le jeune type qui tenait l’agence maritime au village lui avait bien dit que, cette année, le Panaghia Tinou, qui avait eu un incendie à bord, n’avait repris le service qu’en août. Autrement dit, aucun ferry n’était arrivé ni reparti de Sikinos les vendredi de juillet.

Mon vieux Maqroll (c’était le surnom qu’on lui donnait au bureau), tu as fait une grosse erreur. Maintenant que je tiens un bout de la ficelle, je ne la lâcherai pas. Elle repoussa sa tasse de café et commanda un ouzo. La soirée promettait d’être magnifique. Il fallait en profiter.

 

 

3

 

Ilona (c’était le surnom qu’on lui donnait au bureau) n’ignorait pas l’effet qu’elle produisait chez les hommes. Elle ne reconnut pas tout de suite le joli brun aux allures de Monty Clift qui la regardait avec insistance quelques tables plus loin (elle se dit qu’à force de fréquenter les salles obscures, elle finissait par ne plus voir qu’au second degré : pas bon, ça, pour le boulot), le prenant pour un kamaki, cette espèce que l’européanisation galopante du pays condamnait à une rapide disparition. C’était Dimitris, le fils des logeurs qu’elle avait interrogés avant de descendre chez Lucas. Elle se souvint que la mère lui avait dit qu’il avait un caïque pour emmener les touristes sur les plages de l’île.

« Aghios Dimitris, qu’il s’appelle, comme Dimitris, c’est facile à retenir. »

 

« Moi, non. Ce vendredi-là, la police nous avait interdit de prendre des passagers. Mais Tassos, lui, ne s’est pas gêné pour conduire le Français où il voulait aller, à Aghios Giorgos. Il lui aura suffi de raconter une histoire, par exemple que c’était un ami à lui, pas un passager. Evidemment moi, je ne vous ai rien dit. »

Bien qu’étant moins férue d’économie que de cinéma, Ilona se dit que la concurrence avait du bon.

 

La plage s’étendait entre deux avancées de roches claires, au débouché d’une belle vallée dont le versant exposé au sud portait les traces d’anciennes cultures en terrasses. Une poignée de tamaris apportait une ombre bienvenue aux estivants qui n’avaient pas l’heur d’être équipés de parasols. A droite en regardant la mer, une petite chapelle chaulée, au fond de laquelle un chromo de Saint Georges terrassant un dragon vert pomme faisait office d’icône, justifiait le nom du lieu. Une barre de rochers blancs où jouait le soleil s’élevait au milieu de la crique, séparant l’horizon entre Ios, toute proche, rose orangée dans la lumière de midi, et Santorin, plus loin au sud, voilée d’une brume bleutée d’où émergeait la crête blanchâtre de la falaise construite de Ia. Vraiment sympa - décidément, la Grèce me fait radoter, se reprit Ilona, qui pensa aussitôt : ce salaud me gâche le plaisir !

Il y avait aussi une taverne, équipée d’un groupe électrogène et ravitaillée par mer, qui, bien sûr, restait fermée les jours de meltem. Il avait vraiment bien fait les choses, ce meltem, comme si Maqroll n’était venu dans l’île que pour l’attendre et profiter de son passage pour tirer sa révérence. Gone with the wind. Un bon titre pour un film culte.

Mais elle savait que c’était là, entre ces galets de schiste brillant au soleil, que se cachait la clé de l’énigme.

 

 

EPILOGUE

 

Le récit s’arrête ici. Non par manque de matière scénaristique : il est assez probable que le dénommé Maqroll ait embarqué à bord de l’Etrille, le petit sous-marin de l’I.O.S.E.C. (International Oceanic Submarine Exploitation Company) dédié à la contrebande des antiquités de la Méditerranée orientale, pour expertiser une momie dérobée à la fin du XIXème siècle par le très peu scrupuleux Marius Tano, un Grec de Marseille qui se piquait d’archéologie... Les tribulations de la momie faisaient penser à celle de la Vénus de Milo, mais là n’était pas son intérêt : elle sortait de l’atelier d’Akhmim, et tout le monde sait qu’Akhmim... (Pour de plus amples détails, voir Les sous-marins fantômes, par Georges Gustave-Toudouze, Bibliothèque verte 1958, et La mystérieuse affaire des momies, par Alexia Symonds, revue Sunjet, Cyprus Airways, juillet 2003).

Mais il est vite apparu évident à l’auteur que Sikinos méritait mieux qu’un feuilleton policier. Meltem, oui. Harry Dickson, non.

  

25-27 juillet 2003

 

 

Post-scriptum du 25 mars 2006 : si, par extraordinaire, Le disparu de Sikinos était devenu un succès de librairie, j’aurais aujourd’hui sur le dos un procès en plagiat intenté par l’obscur Costas Triandafyllidis ou ses ayants droit. Au hasard de mes fouilles chez les bouquinistes, je viens en effet de tomber sur son roman Opération Vénus Anadyomène, traduit chez France-Empire en 1957. L’histoire commence le 26 septembre 1952 à Mykonos. Le meltem fait rage, mais cela n’empêche pas un mystérieux touriste étranger de prendre la mer à bord du caïque de « Nicolas le goëland » et de s’évaporer dans la nature. On le retrouve plus tard à bord d’un sous-marin espion russe qui fait surface à l’ouest de Sikinos…

 

Post-scriptum du 20 avril 2006 : une brève d’Ouest France m’apprend ce matin que « la villa d’une famille d’armateurs grecs de l’île de Schinoussa a fait l’objet d’une perquisition. Sur place, la police a trouvé une importante quantité d’antiquités faisant l’objet d’un trafic international ». Il ne reste plus qu’à arraisonner le sous-marin de l’I.O.S.E.C.


Sauf en voyage, je n'ai jamais tenu de journal. Primum vivere. Attentif aussi à ce que l'écriture ne procède que du désir. Ainsi se sont accumulées des "pages d'écriture", dont la plupart, au fil du temps et des récritures, trouvèrent leur place sous d'autres titres. Ne sont restées que les orphelines, qui ont fini par dessiner une sorte d'autoportrait en creux dans lequel je vois aujourd'hui, selon la belle formule d'Yves Martin, un "retour contre soi".


 

Ces « pages d’écriture » ne doivent pas être vécues comme un livre – d’où le titre que j’ai pensé leur donner un moment : « Les exploits de Biquette et Lardon », pour distance garder, mais aussi parce qu’Anna et Nikolaz décident aujourd’hui de tout, des plus et des moins de ma vie intérieure et de la vie tout court, dont la masse diminue avec le temps et dont la cherté s’accommode de plus en plus mal des effets de manche. Il n’en sortirait que des poèmes de circonstance, des récits de voyage ou des notes de lecture, genres non méprisables mais dépourvus d’ambition.

Rimbaud se mesurait à Dieu, Roubaud compare les systèmes de parenté des récits arthuriens à la double hélice de l’ADN : le temps s’effondre.

 

Echapper à la décrépitude de l’imaginaire, retrouver

comme un lent navire

un corps de femme entre les murs

(René Lacôte)

 

L’unité de travail est la feuille. Textes, dessins, photographies… s’y inscriront, moments privilégiés d’émotion ou d’intelligence. La feuille n’aura d’autre loi qu’elle-même, éternisant ainsi le moment, lui donnant grâce.

 

Sur terre, des livres se bâtiront peut-être, dans la lenteur et la douleur, pour un exil définitif.

 

Pages d'écriture 1, janvier 1984


 

AVIS DE RECHERCHE

 

 

Sur l’autre ligne des sables

Porteur de nuit

 

Erwann Naëj, Maïa

  

C’est un mystère pour moi. J’ouvre un livre de poésie, d’un auteur dont je n’ai jamais rien lu, je pioche au hasard quelques vers et, que je les aime ou non, je sais instantanément si je suis en face d’un « vrai » poète, c’est-à-dire, pour le qualifier simplement, d’un individu qui utilise la langue écrite pour tenter d’atteindre le (ou un) réel pressenti au-delà des apparences (je ne parle ici que des livres et ne défends aucun « biftèque poétique », pour reprendre l'expression de Christian Prigent dans la très parisienne polémique qui l’opposa il y a une dizaine d’années à Jacques Roubaud à propos de la « VP »).

La décence, ou le simple bon sens, devraient m’inciter à ajouter que j’ai bien conscience de l’inconsistance de mon jugement. Mais non, je le ressens à chaque fois comme une vérité définitive, à la façon d’un musicien qui possède l’oreille absolue – bien que je sache d’expérience qu’avec le temps mon spectre auditif n’a cessé, sinon de s’élargir, du moins d’évoluer (cela signifie-t-il pour autant que j’entends mieux ?) : ainsi les Failles de Michel Leiris et les Poèmes de dessous le plancher  d'André Frénaud me tombèrent d’abord des mains ; quelques années plus tard, La Néréide de la mer Rouge et Revenu du désert finirent par m’apprendre à qui j’avais affaire.

A l’inverse, certains poètes qui me furent des passeurs me semblent aujourd’hui bien ternes, mais je suis dans la très grande majorité des cas resté fidèle à mes certitudes, même s’agissant de météores (Anne Louarn) ou de poètes disparus des catalogues (Jean-Louis Aven), voire de parfaits inconnus. Je pense ici à cette plaquette de la fin des années soixante-dix imprimée à compte d’auteur et achetée, si je me souviens bien, dans une crêperie du Conquet : Maïa. L’auteur, probablement un Jean-Yves de ma génération, signait d’un ingénu Erwann Naëj et convoquait, dans ses peu convaincantes épigraphes, un certain Dominique Hardy, dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler : l’inconnu Dominique Hardy citait-il de son côté l’inconnu Erwann Naëj en tête de ses propres ouvrages ?

L’ironie est facile. J’ai vite oublié ces maladresses de débutant devant la voix lumineuse qui sourdait des textes lapidaires du livre, écorchés parfois jusqu’à l’os, et pourtant pleins d’air et de sel. Une voix qui me semblait extraordinairement proche de la façon dont moi-même je tentais alors de retrouver les chemins du chant, gorge nouée après le récital d’orgue de La grande passion : mes solaires Privilèges et les poèmes au couteau de mon sombre Quai dur auraient pu s’intercaler sans hiatus entre les astérisques de Lacis de lichens et de Maïa.

 

Je relis aujourd’hui ces pages marquées d’une croix et ces vers soulignés au crayon gris en me demandant qui se cachait derrière Erwann Naëj et ce qu’il est devenu. Il me semble impossible, quelle que fût sa vie, qu’il ait cessé d’écrire après Maïa, tant il en avait encore sous la voix : « C’est le plus simple / Qui rend l’origine / Visible », écrivait-il à la fin, ajoutant qu’il « N’avait que / Cette simple lumière / Pour abri / Pour risquer sa clarté ». A l’évidence, le temps n’était pas venu pour lui de souffler cette lumière pour le silence d’au-delà les anciens parapets.

N’a-t-il fait, comme moi, par orgueil et lâcheté, que construire une œuvre de sable dans la nuit, ou bien est-il parvenu à se faire publier, et peut-être reconnaître par ses pairs, sous un autre nom ? Se pourrait-il qu’au hasard de la toile il tombe un jour sur ces lignes et décide de mettre à son tour en tête d’un de ses futurs poèmes une citation de l’inconnu Jean-Yves Cadoret ?

 

Pages d'écriture 2, novembre 2021